Bardem nous fait la misère
De : Alejandro Gonzalès Inarritu
Avec : Javier Bardem
L’histoire : Barcelone, de nos jours. Uxbal est un père de famille attentif, qui vivote de combines illégales. Apprenant qu’il atteint d’un cancer incurable, Uxbal n’a que quelques mois pour mettre un peu d’ordre dans sa vie…
Mon avis : Le quatrième film de Inarritu ne respire pas la joie de vivre, c’est certain. Il y a pourtant une volonté du cinéaste de ne pas se complaire dans une esthétique de la beauté, ni de sombrer dans un manichéisme politiquement correct (oui, on peut être un bon père et profiter de la misère humaine). Le film nous plonge dans ce que le monde offre de plus glauque (maladie, travail clandestin, mort…) mais son personnage principal n’est pas de ceux qui acceptent les choses docilement. Et son chemin de croix de le remettre en question de l’amener à rechercher davantage de lumière. Ce discours peut heurter, mais rappelons que le film ne sombre ni dans le mélo tire-larmes, ni dans le catéchisme à deux euros. Ainsi, Inarritu ne nous impose pas son empathie pour son personnage et nous laisse le choix de l’aimer ou de le critiquer. Et la petite dose de fantastique lui apporte une touche surprenante qui sort le film des ornières 100 % naturaliste, à la manière des frères Dardenne. Le réalisateur a surtout eu la bonne idée de confier à Uxbal le visage cabossé et touchant de Javier Bardem. Ce dernier, remarquable dans un rôle casse-gueule, n’a pas volé son prix à Cannes. Alors, bien-sûr, le film est un petit peu trop long, et n’égale pas l’émotion de 21 grammes, par exemple, mais ce parcours est de ceux que l’on n’oublie pas si facilement…