Secte-symbol
De : Paul Thomas Anderson
Avec : Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams…
L’histoire : Vétéran, Freddie revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui… Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd, « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé La Cause, il tombe rapidement sous sa coupe...
Mon avis : Sixième film de P.T Anderson ( Boogie Nights, Magnolia, There will be blood), The Master confirme le talent et l’ambition de son réalisateur. L’histoire qu’il nous propose est une saisissante et hypnotique plongée dans la psyché d’un homme brisé tombant dans les mains d’un gourou aussi magnétique que roublard. Si les images impressionnent par leur sens du cadre et la beauté de leur lumière (The Master a été tournée en 65 mm), le film permet aux deux acteurs principaux de livrer des performances de très haute volée. Cette alchimie explose notamment dans les scènes de face à face, dans lesquelles le réalisateur crée un climat de tension qui laisse pantois. Un regret : cette obsession sur le sexe, qui donne par moments au film un petit côté « choquer le bourgeois » pas vraiment indispensable. Moins film à charge anti-scientologie qu’il n’y paraît (Dodd-Hubbard s’en sort plutôt bien), The Master peut surtout se voir comme un autoportrait caché d’un cinéaste passionné dont le travail sur le plateau doit sans cesse osciller entre contrôle absolu (Dodd, le manipulateur) et instinct (Freddie, la bombe prête à exploser). Mais tout film traitant de la manipulation ne renvoie-t-il pas immanquablement au 7ème art ? Gourou-réalisateur et adeptes-spectateurs sont alors renvoyés au même schéma : pour que ça marche, chacun doit y croire…