Boys boys boys

De : Scott Hicks

Avec : Clive Owen…

L’histoire : A la mort de sa jeune femme, le journaliste sportif Joe Warr remet en cause tous ses choix de vie et décide de se consacrer à sa famille…

Mon avis : Inédit en salle, ce film n’a eu droit qu’à une sortie DVD. On pourrait s’en étonner (Clive Owen est pourtant le genre de personne sur lesquels on peut monter un film) et craindre le pire (généralement, une sortie direct en DVD n’est pas bon signe). Quoiqu’il en soit, The Boys Are Back est une bonne surprise. D’abord parce que Clive Owen, habitué ces derniers temps aux rôles de durs à cuir (L’Enquête, Shoot’em up), est ici très touchant dans son rôle de père de famille, relativement inhabituel pour lui. Mais le film fonctionne aussi grâce aux deux acteurs qui jouent ses fils, impeccables l’un comme l’autre. Le sujet du veuvage et de l’éducation des enfants est traité de manière subtile et sans volonté d’émouvoir à tout prix, bien que l’histoire autobiographique livrée par Simon Carr et dont est tiré The Boys Are Back en ait un fort potentiel. Scott Hicks (Shine) filme avec sensibilité, pas avec sensiblerie. Situé dans une Australie sauvage, avec des décors à couper le souffle et une lumière magnifique, ce film aurait mérité une sortie moins confidentielle. Le DVD pourrait lui apporter une nouvelle vie…

De : Clint Eastwood

Avec : Sean Penn, Tim Robbins, Kevin Bacon, Marcia Gay Harden, Laurence Fishburne, Laura Linney…

L’histoire : Dans les années 70 à Boston, Jimmy, Dave et Sean sont trois amis d’enfance. Un jour Dave est enlevé par deux hommes sous les yeux de ses amis impuissants. 30 ans plus tard, alors que les trois anciens amis ont suivi des voies différentes, un nouveau drame va les réunir à nouveau…

Mon avis : Si la filmographie de Clint Eastwood contenait déjà une quantité de grands films au début des années 2000 (Sur la route de Madison, Un Monde Parfait…) et de chefs d’œuvre (Impitoyable), Mystic River constitue sans doute la pierre angulaire de la période la plus prolifique du maître. Servi par un casting de luxe (sans Eastwood, hélas), avec une pléthore de stars nous livrant d’excellentes  prestations, tant dans les grands (Sean Penn, Tim Robbins et Kevin Bacon, tous impeccables) que les petits rôles (avec notamment deux actrices que Clint connaît bien : Laura Linney, qui jouait sa fille dans Les Plein pouvoirs et Marcia Gay Harden qui jouait l’employée de la Nasa dont Tommy Lee Jones tombait amoureux dans Space Cowboys), ce polar très noir est intelligent, subtil et sobre, prend aux tripes et poursuit encore longtemps après l’avoir vu. Il faut dire que le scénario, basé sur le roman éponyme de Dennis Lehane (Gone Baby Gone, Shutter Island…) et adapté par Brian Helgeland (aussi scénariste de Créance de Sang et réalisateur de Chevalier) est remarquablement construit et rejoint le thème cher à Eastwood de la contamination du mal, et de son incidence sur les enfants. Le réalisateur livre une mise en scène classique (dans le bon sens du terme) et fluide, soulignée par une musique magnifique signée Eastwood et une très jolie lumière de Tom Stern, qui prend ici du galon en tant que chef opérateur après avoir longtemps été chef éclairagiste sur ses films. Avec en bonus le petit clin d’œil d’Eli Wallach, co-star d’Eastwood dans Le Bon, la Brute et le Truand (le truand c’était lui) en épicier…

Présenté en compétition officielle au festival de Cannes 2003, Mystic River a reçu le César du meilleur film étranger en 2004, et Sean Penn et Tim Robbins ont été récompensés respectivement des Oscar et Golden Globe des meilleurs premiers rôles et seconds rôles.

 Piano forte

De : Giuseppe Tornatore

Avec : Tim Roth, Pruit Taylor Vince…

L’histoire: À l'aube du XX^e siècle, Danny, l'un des machinistes du paquebot Virginian, découvre un bébé abandonné. Il l'adopte et l'élève comme son propre fils. Ne sachant pas comment l'appeler, il le baptise "1900". 1900 grandit sur le paquebot et ne le quitte jamais. Plus tard, l’enfant devient un prodige du piano…

Mon avis : Adapté d’un court texte de Alessandro Barrico, Novecento : pianiste, le septième film de Giuseppe Tornatore (Cinema Paradiso) est une œuvre originale, poétique et touchante. Les situations étonnantes que suggère le texte sont transcrites dans le film avec une belle virtuosité. Notamment pendant les scènes où 1900 joue du piano pendant une mer démontée. Le film tourné à Cinecitta révèle de superbes décors, et la musique de Ennio Morricone ajoute indéniablement sa touche nostalgique et mélancolique. Dans le rôle du pianiste prodige, Tim Roth livre une belle composition, sans en faire trop. Certains trouveront l’ensemble académique et la mise en scène trop appuyée vers l’émotion mais ce joli conte sur la position de l’artiste dans le monde mérite d’être découvert…

De : Mark Romanek

Avec : Carrey Mulligan, Andrew Garfield, Keira Knightley…

L’histoire : Kathy, Ruth et Tommy ont grandi sans un établissement privé à l’éducation particulière. Un jour, une enseignante leur révèle la raison de leur présence dans les murs…

Mon avis : Difficile de résumer correctement cette adaptation du roman de Ishiguro Auprès de moi toujours sans révéler la surprise de l’intrigue. Mais ceux qui ont aimé Bienvenue à Gattaca seront peut-être attirés par ce film de science-fiction sans décors futuristes ni combinaisons flashy. Rares sont les films susceptibles d’aborder des questions éthiques sans tomber dans la démagogie ou l’enfonçage de portes ouvertes. Le film de Romanek est d’une singulière étrangeté, un film où les sentiments n’éclosent jamais vraiment mais dont le regard est très humain. Pas de prouesses techniques ici, même si l’image est très jolie, juste une mise en scène au service d’une histoire originale. Mais on aurait aimé quand même voir poindre davantage de feu sous la glace, et plus de réactivité de la part de ces personnages au destin plus que sombre. Peut-être que le vrai sujet du film est à chercher du côté de l’importance de l’environnement dans l’éducation des enfants… Never let me go est malgré tout un film à part, à l’ambiance dépressive mais élégante.

 Piton royal

De : Clint Eastwood

Avec : Clint Eastwood, George Kennedy…

L’histoire : Un ancien agent de la CIA devenu professeur d’histoire de l’art est envoyé en mission pour « sanctionner » deux agents ennemis responsables de la mort d'un membre de l'organisation…

Mon avis : Réalisé en 1975, La Sanction est un des films les moins connus réalisés par Clint Eastwood. C’est assez surprenant, d’autant plus que ce mélange improbable de James Bond et d’Indiana Jones (avant l’heure) est un divertissement très agréable à regarder. A la fois film d’espionnage, film d’action et de suspense, la combinaison fonctionne de façon très efficace. La Sanction n’est d’ailleurs pas avare d’humour et de répliques savoureuses, ce qui en augmente le plaisir. Pour la crédibilité, on repassera (le patron de l’agence d’espionnage est un albinos que n’aurait pas renié les meilleurs comics) mais l’on ne voit pas pourquoi ce spectacle (les scènes d’escalade, pour lesquelles Clint a assuré bon nombre de cascades sont de toute beauté) n’est pas davantage reconnu. Bref, un film assez surprenant mais surtout très cool. A noter, une musique signée John Williams et à ce jour, unique collaboration entre ces deux géants…