Braqueurs pas amateurs
Avec : Clive Owen, Denzel Washington, Jodie Foster...

L'histoire : Un matin à Manhattan, un commando masqué fait irruption dans une grande banque, et prend les clients en otage. Tout laisse à penser que ce hold-up là n'est pas comme les autres...

Mon avis : Servi par un casting impeccable, ce film est une réussite. Pour une fois, l'intrigue va plus loin que l'enjeu basique "s'en sortira / s'en sortira pas?", et même si on n'est pas du coté des vilains méchants - qui sont de gros malins, faut le dire -, on ne peut qu'admirer que le scénario nous surprenne encore. Bon, évidemment, Spike Lee ne renouvelle pas le genre, mais il lui donne tout de même un bon coup de fouet (grâce notamment à quelques allusions bien vues sur l'ambiance post 11 septembre aux Etats Unis) et l'ensemble se révèle franchement divertissant.

 
Avec : Meryl Streep, Philip Seymour Hoffman...

L'histoire : New York 1965. Dans l'institution catholique Saint Nicholas, une sœur supérieure est persuadée que le prêtre progressiste de la paroisse abuse d'un élève, le premier noir de l'établissement...

Mon avis : Adaptée pour l'écran par l'auteur de la pièce, John Patrick Shanley, Doute est un affrontement âpre et austère entre deux ecclésiastiques aux conceptions religieuses différentes. S'appuyant sur des dialogues aiguisés, le film échappe au banal théâtre filmé grâce à sa lumière et son cadrage.  Mais il est indéniable que l'atout majeur du film, ce sont  les acteurs, bien sûr. Meryl Streep interprétant une femme blessée devenue « dragon », et Philip Seymour Hoffman prêtre faussement tranquille, apportent à ce duel verbal sur les certitudes et les apparences une belle densité psychologique. A noter également la belle prestation de Viola Davis, dans le rôle de la mère du garçon, entre dignité et résignation. Doute est ce qui s'appelle un « film d'acteurs ». Amateurs de ce cinoche là, n'hésitez pas.

 Si ce n'est toi...
Avec : Matt Dillon, Mickey Rourke, Diane Lane...

L'histoire : Rusty James, un petit voyou adorant se battre, voit revenir son frère, Motorcycle Boy légende de l'époque des gangs. Il espère que celui-ci l'aidera a devenir un vrai caïd...

Mon avis : Film expérimental de Francis Ford Coppola, Rusty James est une fable sur le passage à l'âge adulte, ou comment concilier ses rêves et la réalité. Filmés dans un magnifique noir et blanc, Matt Dillon et Mickey Rourke crèvent l'écran. Mais le film est aussi que envoûtant que gênant, principalement à cause d'une intrigue décousue au cours de laquelle certains personnages, à la fois timbrés et imbibés d'alcool, apparaissent et disparaissent sans raison. Simplicité (Coppola se relevait à peine du fiasco légendaire que fut Coup de Cœur), casting étonnant (on y croise Nicolas Cage à ses débuts, Tom Waits...) et poésie urbaine sont les atouts de ce projet atypique, qui, hélas, manque quelque peu d'émotion pour séduire totalement.

 Jeune et Jolie-Pitt
Avec : Brad Pitt, Cate Blachett...

L'histoire : Benjamin Button est un bien étrange personnage : il est né vieux, mais plus le temps passe, plus il rajeunit...

L'histoire : Deux ans après Zodiac, David Fincher is back avec une formidable fable adaptée d'une nouvelle de F. Scott Fitzgerald. Le résultat est à la hauteur du talent du bonhomme, très inspiré, puisque mêlant classicisme narratif et prouesses technologiques. La mise en scène est fluide, romanesque et impressionnante mais sans être ostentatoire. Chapeau bas, Mr Fincher. N'étant pas vraiment convaincu par le jeu d'acteur de Brad Pitt (Babel excepté), j'avoue que le rôle lui va comme un gant. Parce que le film joue assez habilement de son physique trop parfait pour être honnête (l'acteur est le plus souvent maquillé pendant près de deux heures trente cinq de film), les fans de sa plastique risquent d'être déçus. Mais à l'heure où les gloires hollywoodiennes commencent à se charcuter à coup de botox (Faye Dunaway devrait poursuivre son chirurgien boucher), cette belle réflexion sur la mort et la décrépitude physique inévitable est fort salutaire. Et surtout fascinante.

 Le grand méchant Jack

Avec : Jack Nicholson, Shelley Duvall, Danny Lloyd...

L'histoire: Jack Torrance, gardien d'un grand hôtel fermé pendant l'hiver, sa femme et son fils Danny s'apprêtent à vivre de longs mois de solitude. Mais sa famille ne sait pas que l'enfant possède un don de médium, le « Shining », qui l'assaille de visions terribles du passé de l'hôtel...

Mon avis : Sorti sur les écrans en 1980, le film de Kubrick n'a rien perdu de sa terrible efficacité. Adaptant l'épatant roman éponyme de Stephen King, le génial réalisateur en a tiré la substantifique moelle (certes, la psychologie des personnages est moins dessinée, comme souvent dans les adaptations) pour plonger le spectateur dans la folie meurtrière d'un homme, père tourmenté et écrivain frustré. S'appuyant sur des plans extrêmement élaborés (ah, ces longs travellings effectués à la Steadycam), un décor réfrigérant et une musique angoissante, Kubrick distille l'angoisse comme rarement vu sur un écran. Bien sûr, le film peut compter sur la performance hallucinante de Nicholson, crédible même s'il en fait des tonnes, mais il ne faut pas oublier Shelley Duvall (la pauvre, elle en a pris plein la tronche pendant le tournage) et la touchante tristesse du petit Danny Lloyd en gamin dépassé par des pouvoirs qu'il ne maîtrise pas. Il n'y pas photo : Shining reste une référence incontestable du cinéma d'épouvante, grâce à ses images (un couloir inondé par un bain de sang, des jumelles inquiétantes...) toujours bien flippantes. Pour les amateurs, n'hésitez pas à jeter un coup d'œil sur l'incroyable making of du film, réalisé par la fille du maître, qui figure sur le DVD : on y voit non seulement Kubrick au travail, mais également Nicholson se mettre en condition pour jouer la folie. Inratable !
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