Avec : Clint Eastwood, Bee Vang...
L'histoire : Walt Kowalski, ancien combattant de la guerre de Corée, vient de perdre sa femme. Se résignant à rester dans un quartier qu'il a vu dépérir, il ne voit pas d'un très bon œil l'arrivée de ses nouveaux voisins, une famille asiatique...
Mon avis : Quelques mois seulement après L'Echange, Eastwood, 78 ans et 30 films en tant que réalisateur, retrouve le devant de la caméra et signe là l'un des films les plus étonnants de sa belle carrière. Etonnant parce que le comédien joue avec l'assurance des Anciens un personnage qui cristalliserait tous les stéréotypes et autres ambiguïtés qu'il a trimballés (à tort ou à raison) par ses successives incarnations : celui d'un homme un brin réac, pas très loquace, plutôt secret et adepte de la manière forte. Sur ce fil ténu, Eastwood se révèle un auteur (et un homme) bien plus complexe que ce que l'on pouvait imaginer. Ceux qui iront voir le grand Clint faire sa loi et le grand ménage façon Dirty Harry seront déçus. Beaucoup seront surpris (c'est mon cas) et ravis (pareil) de l'incursion très réussie de la comédie dans le film. Mais Gran Torino creuse une nouvelle fois le thème eastwoodien par excellence : la perte de l'innocence, déjà abordé dans Un Monde parfait ou Mystic River entre autres. Le réalisateur semble bel et bien désenchanté par une Amérique qu'il ne reconnaît plus, où la fraîcheur de la jeunesse a été corrompue par la violence individuelle aussi bien que collective. Elégant dans la forme (la caméra glisse de façon très fluide sur la superbe lumière de Tom Stern), crépusculaire et sensible dans le fond, Gran Torino n'est pas un film de vieux con qui fermerait la porte à toute forme d'espoir. C'est ce qui rend le film vraiment touchant. Et qui en fait dors et déjà l'un des plus beaux de l'année 2009.